Rencontrez Marie-Pier Poulin, psychoéducatrice
L’art de cultiver le lien!
Un enfant, on peut en faire une œuvre d’art ou… « risquer parfois de le briser ». Celle qui termine cette réflexion inspirée par une très chouette entrevue qui s’est déroulée dans son local de l’École Plein-Soleil est la psychoéducatrice Marie-Pier Poulin.
Aujourd’hui, Marie-Pier a cumulé assez d’expérience pour avoir parfois l’occasion de constater, chez « ses petits » devenus grands et bien portants, les belles « traces » que ses interventions ont laissées. Et ça, ça vaut tout l’or du monde à ses yeux!
Marie-Pier à Hawaï
Photo : courtoisie Marie-Pier Poulin
Un parcours guidé par sa passion
Celle qui aurait pu préférer recevoir des clients en cabinet ou œuvrer dans le milieu de la santé, a choisi et même rechoisi le monde scolaire par passion. « J’ai commencé mon parcours professionnel en scolaire. Je me suis promenée au primaire, au secondaire et en adaptation scolaire avec les élèves ayant un trouble grave du comportement. J’ai effectué un court séjour au Centre de réadaptation en déficience intellectuelle (CRDI), pour ensuite me diriger en clinique privée pendant quelques années. Puis, j’ai fait un retour en scolaire à la Commission scolaire des Navigateurs. »
Marie-Pier Poulin, psychoéducatrice dans son local à l’École Plein-Soleil
Photo : Louise Boisvert, Services des communications, CSSDN
Rôle d’une psychoéducatrice
Marie-Pier nous explique que le rôle du « psychoed en milieu scolaire » se résume à trois sphères :
- l’évaluation des capacités adaptatives;
- l’Intervention auprès des élèves;
- le rôle-conseil (interventions indirectes qui viennent orienter et appuyer les autres intervenants);
- la psychoéducatrice agit aussi en rôle-conseil auprès des parents. Quand ces derniers se sentent plus compétents et l’organisation familiale répond aux besoins de l’enfant, nous observons des impacts positifs à l’école. Le parent a le rôle le plus important dans l’adaptation de l’enfant et la psychoéducatrice est présente pour le soutenir.
« Notre jugement clinique nous amène à recommander la mise en place de mesures susceptibles de favoriser une meilleure adaptation de l’élève. Grâce à l’observation, on dépiste de façon objective. On précise les difficultés qu’il éprouve dans son environnement et les comportements qui nuisent à son apprentissage et sa socialisation. On identifie les éléments qui contribuent à l’émergence ou au maintien des comportements inadéquats. ».
La richesse d’une équipe
Selon le pourcentage de temps qu’une psychoéducatrice pourra consacrer à une école, le travail pourra grandement varier. Marie-Pier, par exemple, œuvre dans trois écoles du Centre de services scolaire des Navigateurs : Plein-Soleil, de la Chanterelle et de la Clé-du-Boisé. « Une de mes directions me dit qu’il y autant de définitions de la psychoéducation qu’il y a de psychoéducatrices. Notre bagage personnel et professionnel vient beaucoup influencer notre pratique et c’est ce qui fait la richesse de l’équipe. » Marie-Pier savoure le fait d’avoir eu le privilège de rester plusieurs années dans les mêmes écoles.
Le travail d’équipe l’allume, la collaboration avec « ses directions exceptionnelles » l’enchante. « Mes plus belles histoires sont les relations que j’ai créées avec toutes mes directions, les précieuses techniciennes en éducation spécialisées et tellement de profs exceptionnels. Brainstormer avec des collègues pour trouver des solutions, j’adore! Ce sont ces histoires qui font en sorte que j’aime tant le monde du scolaire », confie-t-elle. Le travail en équipe où le rôle de chacun est bien établi favorise un suivi efficace aux besoins des élèves.
Mes plus belles histoires sont les relations que j’ai créées avec toutes mes directions, les précieuses techniciennes en éducation spécialisées et tellement de profs exceptionnels.
Conseils aux futurs psychoéducateurs
Même si on lui dit parfois qu’elle « vit dans un monde de licornes », elle identifie des conditions gagnantes pour réussir :
- savoir s’adapter, car il est rare qu’une journée se déroule comme elle avait été planifiée;
- savoir identifier et gérer les situations prioritaires;
- faire preuve de créativité.
Ainsi, s’insurge-t-elle devant le manque de souplesse, les résistances ou le refus de ce que les études identifient comme des pratiques probantes. « Ça me choque! Ça devrait être la base! », plaide celle qui apprécie le fait d’être constamment amenée à s’ouvrir aux nouvelles réalités des jeunes, à leur nouveau langage.
Pour Marie-Eve, vacances et nature riment avec planche à pagaie. Ici au Lac Moraine, à Banff en Alberta.
Photo : courtoisie Marie-Pier Poulin
Souvenir de vacances en famille au Costa Rica
Photo : courtoisie Marie-Pier Poulin
Cultiver ce lien qui sécurise et crée parfois des miracles
Assurément positive, il importe pour elle de cultiver le lien, d’être patiente, de faire cheminer les élèves comme leurs parents ou les enseignants vers ce qu’elle entrevoit déjà dans sa tête et dans son cœur comme une résolution possible. « Même avec le vent dans face, je ne cesse jamais de croire au potentiel des élèves. Il faut avoir la foi! », avoue-t-elle toutefois.
« Ma plus grande fierté demeure toujours le lien que je parviens à créer, et ce, même si parfois, on pense que ça ne sera jamais possible. J’ai le privilège d’avoir pu rester quelques années dans mes écoles. Quand, après deux ans d’intervention à tenter de le sécuriser, l’enfant te fait enfin confiance, ça représente beaucoup! Il y a aussi ces élèves qui nous amènent à nous dépasser et emprunter des avenues qu’on n’aurait jamais crues possibles. »
Moris, le chien familial
Photo : courtoisie Marie-Pier Poulin
Prendre le temps de ne rien faire
Celle qui a toujours un projet de voyage qui mijote dans sa tête ou, à une certaine époque, un plan de rénovation à effectuer sur une maison nouvellement achetée, cette même femme dynamique là plaide aussi pour l’importance d’avoir du temps « pour ne rien faire » : un antidote potentiel à l’anxiété croissante chez les enfants, notamment ceux en troubles de comportement.
Les voyages sont des projets qui se préparent en famille. Ses enfants de 10, 9 et 7 ans à Hawaï.
Photo : courtoisie Marie-Pier Poulin
Parler… les mains dans la terre
Pour eux, elle rêve de construire une serre où elle travaillerait dans la terre avec eux, où ils pourraient se sentir valorisés par leurs récoltes, et comme ça arrive quand ils sont occupés à autre chose, ils pourraient parler, se livrer.
Partir pour découvrir
Et comme si ça n’était pas suffisant, avec son petit laboratoire personnel, soit ses trois enfants de 10, 9 et 7 ans et leur papa, Marie-Pier a toujours un projet de voyage qui mijote et qui amènera toute la famille à découvrir les cultures et les traditions des destinations choisies, à commencer par les écoles évidemment! La nature, la mer, les couchers de soleil font aussi partie des prérequis de cette sportive amateure de planche à pagaie.
Pour une amoureuse de couchers de soleil, Hawaï, c’est le paradis!
Photo : courtoisie Marie-Pier Poulin
Mille mercis Marie-Pier!
Marie-Pier Poulin, psychoéducatrice dans son local à l’École Plein-Soleil
Photo : Louise Boisvert, Services des communications, CSSDN
Marie-Pier en quelques mots
- Avoir le don d’ubiquité ou donner l’impression d’être partout à la fois.
- Passionnée et créative. Constamment à la recherche de nouvelles idées.
- Tellement positive qu’on dit d’elle qu’elle vit dans un monde de licornes!
Entrevue et rédaction :
Louise Boisvert
Coordonnatrice, Services des communications, CSSDN
Conception graphique :
Maude Lebel-Chouinard
Technicienne en arts graphiques, Services des communications, CSSDN